Les banques enfin plus vigilantes ?
- Stoil Petrov
- il y a 4 jours
- 3 min de lecture
07/08/2025 | Article | Responsabilité bancaire | Vigilance et mise en garde | Victimes d'escroquerie
Avez-vous récemment reçu un message de votre banque vous informant de nouvelles mesures de sécurité pour vos virements ? Vous n’êtes pas seule/seul. Les établissements bancaires français commencent enfin à agir concrètement pour mieux protéger leurs clients contre les escroqueries.

Cela fait des années que les victimes d’arnaques en ligne (faux placements, escroqueries aux cryptomonnaies ou usurpations d’identité) se heurtent à une réalité frustrante : leur banque laisse passer des virements importants et inhabituels sans se demander si leur client n’est pas en train de se faire voler sous ses yeux. Alors même que les établissements bancaires sont parfaitement informés des mécanismes de ces escroqueries, ils restent silencieux, là où la victime, elle, ignore tout du piège dans lequel elle tombe. Aucun signal d’alerte, aucune mise en garde, aucun conseil. Les indices sont pourtant clairs : montants anormalement élevés, virements vers des comptes étrangers inconnus, transferts vers des plateformes de cryptomonnaies (souvent utilisées par les escrocs pour leur opacité) ou opérations répétées sur une courte période. Autant de signaux qui devraient déclencher une réaction.
Ces virements sont souvent réalisés sous l’emprise psychologique des escrocs et ne correspondent en rien au profil habituel du client. Il s’agit fréquemment de retraités n’ayant jamais investi, de salariés sans expérience financière, ou d’épargnants prudents soudain incités à transférer leurs économies vers une prétendue plateforme d’investissement. Ces victimes sont généralement vulnérables, isolées, peu informées des mécanismes financiers ou prises dans des scénarios de manipulation bien orchestrés. Dans ces cas le rôle de la banque ne se limite pas à exécuter un ordre, mais implique une vigilance plus active : repérer les signaux de manipulation, questionner l’opération et intervenir pour protéger son client.

La bonne nouvelle est que certaines banques commencent enfin à déployer de nouveaux dispositifs de vérification automatique des virements. Lorsqu’un client effectue un virement, le système analyse désormais s’il s’agit d’une opération inhabituelle par son montant, sa fréquence ou le destinataire. Certaines banques vont encore plus loin en vérifiant si le nom saisi correspond réellement à celui du titulaire du compte bénéficiaire (contrôle de concordance IBAN-nom du bénéficiaire). Ce contrôle renforcé pourrait éviter bien des erreurs… et empêcher que l’argent ne tombe dans les filets des escrocs.
Ce qui semble arriver en douceur marque en réalité un vrai tournant. Un changement de culture bancaire. Le modèle actuel a atteint ses limites face à des escroqueries de plus en plus manipulatoires et sophistiquées où les victimes ne sont pas en capacité de se défendre seules. Ce qui change donc, c’est l’idée même du rôle de la banque. Elle n’est plus un simple exécutant. Elle assumera son rôle de responsable de la sécurité de ses clients en adoptant une posture proactive, fondée sur la vigilance, la prévention et la mise en garde.
Ce changement n’arrive pas par hasard. Il fait suite aux récentes recommandations OSMP (Observatoire de la sécurité des moyens de paiement), mais aussi à une forte pression exercée depuis des années par les avocats qui défendent les victimes d’escroqueries, les associations de victimes et les experts en cybersécurité. Il était temps que le bon sens l’emporte : mieux vaut prévenir que guérir. C'est aussi une reconnaissance implicite du combat mené depuis longtemps.
Depuis des années nous ne cessons de répéter que la responsabilité des banques ne doit pas s’arrêter à l’exécution mécanique d’un ordre. Lorsqu’un client s’apprête à transférer des fonds dans des conditions manifestement suspectes, la banque a le devoir d’intervenir activement : alerter son client de manière claire, expliquer les mécanismes de l’escroquerie, et lui fournir les éléments nécessaires pour briser l’emprise psychologique dans laquelle il se trouve. C’est cette intervention à la fois humaine, pédagogique et empathique qui peut faire toute la différence.
Ces nouvelles mesures vont donc dans la bonne direction dans la lutte contre les escroqueries. Elles protègent davantage les épargnants et contribuent à restaurer la confiance dans le système bancaire.
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